La veuve était magnifique.
Son regard posé sur le cercueil conférait à son visage un charme mélancolique qu'on ne lui connaissait guère. L'éplorée sur le défunt avait le chagrin sincère mais lucide : c'était la fin de son époux certes, mais non la fin du monde. Et puis, ne soupçonnait-elle point un royaume d'éternité pour le gisant, lui qui fut si droit en affaires, si loyal avec la religion ?
Le mari inhumé, son sort était entendu. Quant à elle, il lui fallait songer aux lendemains.
C'est là que j'intervins.
- Madame, vous étiez radieuse aux funérailles. Je vous offre et ma fortune et ma renommée. Je suis le conte de Hauteterre, connu pour mes qualités artistiques, esthétiques, verveuses et, accessoirement, en tant que plume de choix. Accordez-moi votre main, et ma gloire sera aussi la vôtre. Et si par malheur vous trépassez avant moi, je vous composerai une ode et la ferai chanter par un barde car je chante faux. Mais si vous me survivez, vous vous consolerez de votre solitude par une existence remplie de mon souvenir éclatant.
Je reçus sa main.
Les médisants penseront qu'elle la destina à ma joue...
Erreur ! La belle -qui avait un reste de beau sang- fut sensible à mes arguments hautains, sa fibre aristocratique réveillée par le son aigu de ma lyre...
A ce jour elle vit toujours, et moi aussi grâce à Dieu.
Notre bonheur ostentatoire en ennuie plus d'un dans notre cercle d'amis, et nous comptons fleurir durant de nombreuses années encore la sépulture de celui qui me précéda dans l'hymen de ma légitime épouse.
dimanche 17 juin 2007
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